Intermède

Intermède_________________________________

Aiko Kasumi avait invité Nyrnaën, son nouveau partenaire de quête, à partager un repas avec elle. Ce serait ainsi le deuxième repas qu’ils partageraient. L’aventurière n’avait rien prévu de cérémoniale ; seulement un repas tranquille dans sa chambre, sans aucune arrière-pensée sauf celle d’en apprendre davantage sur l’homme. Après tout, ils allaient être amenés à collaborer couramment dans le futur. Le duo se sépara dans le couloir menant à leurs chambres respectives.

Kasumi avait suffisamment de temps devant elle pour se détendre avant le repas. Elle se prépara donc un bain. En se glissant dans l’eau chaude, elle soupira d’aise. La baignoire était suffisamment grande pour que la femme s’allonge à sa guise. Elle ferma les yeux et profita du simple plaisir que lui procurait ce moment solitaire, un léger sourire satisfait sur les lèvres. Malgré ce moment de détente, dans cet endroit sécuritaire au cœur de Mondstadt, Kasumi semblait toujours être prête au pire ; c’est ce que témoignait l’épée déposée contre le bain, à porter de main de l’aventurière.

Après un moment, elle sortit du bain, se sécha et enfila de nouveaux vêtements ; une robe légère, dans des tons de mauve et de blanc. Un ceinturon vint compléter l’ensemble. Elle se regarda dans l’unique miroir de la chambre et fut satisfaite. Elle quitta sa chambre et descendit l’escalier qui menait au rez-de-chaussée pour emprunter la cuisinière. Un tablier blanc empêcha sa robe d’être salit. Rapidement, de délicieuses odeurs s’échappèrent de la cuisine, attirant le chat de l’immeuble, lequel miaula pour quémander. Attendrie, Kasumi donna un morceau de viande à l’animal. Elle aimait les animaux, parfois davantage que certains humains.

Lorsque ce fut prêt, Kasumi dressa deux assiettes et les déposa sur un plateau, retira son tablier et monta à l’étage. Lorsqu’elle cogna à la porte de Nyrn, elle n’obtint aucune réponse. L’homme l’avait prévenu de cette possibilité et lui avait alors dit qu’il serait sur le toit. Par la fenêtre de sa chambre et armée de son plateau, Kasumi rejoignit l’homme. Les hauteurs ne l’avaient jamais effrayée, bien au contraire, et ce n’était pas la première fois qu’elle montait sur le toit de sa résidence.

Elle salua l’homme et lui dit : «L’endroit me semble parfait pour partager un repas.» Elle déposa le plateau avec les deux assiettes de nourriture sur une petite surface plane où les deux aventuriers pourraient prendre place. Elle retira son épée qu’elle déposa non loin. L’épée avait l’avantage d’être une arme peu encombrante, et Kasumi n'avait pas l'habitude de se déplacer sans son arme.

«C’est du yakisoba, un plat typique d’Inazuma. C’est ma mère qui m’a apprise. Ce n’est pas aussi bon que lorsque c’est elle qui le prépare mais… J’espère que ça te plaira!»

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Kasumi imaginait mal l’Archon Anémo manger son repas sur le toit d’un immeuble. En réalité, Kasumi se figurait mal la vie des Archons. Par le passé, elle avait entendu de nombreuses histoires sur la Shogun et Morax, et pourtant elle avait de la difficulté à les imaginer arpenter le même plan terrestre qu’elle.

L’Inazumienne sourit à l’homme ; c’était effectivement la meilleure vue de Mondstadt. Peut-être d’ailleurs la raison pour laquelle les deux aventuriers avaient décidé de poser leurs bagages dans cet immeuble.

Une fois installée, Kasumi prit sa propre assiette. Toutefois, avant de manger, elle attendit la réaction de Nyrn. Elle savait que c’était bon, mais étais-ce au goût de l’homme ? Le sourire qui apparut sur son visage fut la première confirmation.

«Oh, c’est exactement ce que ma mère a fait. …Mais je ne pense pas qu’elle fasse fortune. Et je ne pense pas qu’elle soit intéressée à faire fortune.» Selon ses dires, Nyrnaën ne pensait pas avoir déjà goûter mieux. C’était flatteur pour Kasumi, dont le sourire s’élargit. «Parfait, alors si l’occasion se présente, je te ferai goûter d’autres spécialités d’Inazuma.»

Satisfaite de la réussite de son plat, Kasumi se mit à manger. Elle prenait son temps, elle n’était pas pressée que ce moment se termine. L’homme lui fit ensuite une remarque concernant son épée ; remarque à laquelle elle répondit:

«Je ne sais pas, devrais-je avoir confiance? Disons que c’est une habitude après avoir longtemps voyagé. Et puis, je préfère assurer ma propre sécurité que de devoir compter sur d’autres.»

Nyrnaën résuma bien Mondstadt ; l’endroit était semblable à un havre, le vent avait un goût de bonheur, de simplicité et de liberté. Mais il y avait aussi d'autres endroits à Teyvat qui valaient le détour.

«Pourquoi s’installer à un seul endroit, alors qu’on peut être chez soi partout?» Tous les endroits que Kasumi avait visité l’avaient attirés, et elle les avait toujours quittés pour atteindre un autre lieu. Elle profitait de Mondstadt autant qu’elle le pouvait, car elle savait qu’un jour le vent soufflerait dans une autre direction.

«Des légendes ? …eh bien. Ils ont dû travailler fort. Si on travaille aussi fort, peut-être que nous aussi un jour…» Elle adressa un clin d’œil à l’homme. Le regard de Kasumi se porta ensuite sur des voix en contrebas, et elle aperçu un couple et leur enfant. C’était un autre type de vie ; les gens avaient des aspirations différentes dans la vie, et chaque vie se valait.

«C’est comment par chez toi?», demanda-t-elle soudainement à l’homme.

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Nyrn avait raison ; rester au même endroit avait de bon côté, notamment le confort d’une maison et la proximité des amis. En voyageant, Kasumi avait laissé des gens derrière elle. Elle n’avait jamais revu ses amis d’enfance, à Inazuma. Elle ignorait ce qu’étaient devenu toutes ses connaissances à Liyue. Et elle était bien loin de Sumeru maintenant. Cette pensée la rendit triste, un court instant. Car Nyrn avait également tort. Si Kasumi n’avait pas voyagé, elle n’aurait pas rencontré ceux qui étaient ensuite devenu ses amis et Sans tous ses voyages, nous ne serions pas là à partager ce repas. Et si nous laissons des gens derrière nous, il y a sur le chemin devant nous d’autres personnes à rencontrer. Et puis, même si je ne suis pas une grande écrivaine, il y a toujours la possibilité d’envoyer des lettres… et aussi de revenir sur nos pas.» Kasumi envoyait effectivement des lettres, à deux seules personnes: ses parents.

Kasumi se voyait également comme une simple voyageuse intrépide, mais elle n’avait pas la prétention de penser savoir ce que l’avenir lui réservait. Elle suivait son cœur et la direction du vent; elle écoutait la foudre et la pluie. Le bruit du tonnerre était la voix de la Shogun. Du moins, c’était ce que Kasumi croyait, ce que sa mère lui avait dit.

À sa demande, Nyrn lui parla de sa terre natale. Et si Nyrn lui décrivit un paysage froid et gris, il lui dépeignit également un peuple accueillant. Elle connaissait bien mal cet endroit, et elle ignorait si elle y irait un jour; ses priorités étaient ailleurs pour le moment.

«Si ce jour vient, il me fera plaisir d’avoir un guide», lui affirma-t-elle, sachant qu’elle en ferait autant pour l’homme. «Je détesterais me perdre dans la neige et le froid!», ajouta-t-elle avec un léger rire.

L’aventurière termina son assiette et le déposa sur le plateau. Elle leva ensuite le regard sur l’horizon et profita de la beauté des paysages. Le soleil déclinant donnait une teinte rosée aux nuages. Non loin, le vent faisait tourner les ailes des moulins. Plus loin, la falaise Arrachétoile apparaissait dans toute sa gloire.

«Ça été une journée bien productive, comme je les aime.» Elle appuya son dos contre la pente douce du toit. «On a fait une bonne équipe aujourd’hui.» À ses paroles, elle tourna la tête vers Nyrn pour obtenir une confirmation. «Ça ne me dérangerait pas, si à l’avenir tu veux repartir en mission avec moi.» La vérité était qu’elle aimait la synergie de leur pouvoir et qu’elle trouvait Nyrn de bonne compagnie. Elle haussa doucement une épaule, léger sourire aux lèvres, car le contraire ne la dérangeait pas non plus. Kasumi prenait les choses comme elles venaient.

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Kasumi avait voyagé avec des gens au départ de son aventure. Puis, elle avait prit de l’autonomie et avait fait voyage seule. Les choses changent, le vent souffle dans différentes directions. Elle n’était plus la jeune Kasumi inexpérimentée qui se mettait les pieds dans les plats. Mais elle était toujours cette Kasumi énergique et téméraire. Certaines choses ne changent pas, certaines choses sont éternelles.

Les plaines de glace… voilà un nom qui ne donnait envie que d’une seule chose : manger de la glace, mais certainement pas d’aller y gambader. Cependant, Kasumi voulait bien les voir, maintenant, ces plaines. Et si c’était l’équivalent du désert de Sumeru, il était à parier que Kasumi ne s’y plairait pas. Mais chaque chose en son temps ; un long voyage attendait Kasumi.

D’amusante façon, Nyrnaën mentionna à l’aventurière qu’il avait des créneaux dans son horaire, et ce pour plusieurs mois. Il indiqua à l’aventurière qu’elle n’avait qu’à toquer à sa porte, quand l’envie s’en sentira ; ce à quoi Kasumi hocha la tête avec le sourire. Elle n'allait pas manquer d'y toquer dans un avenir proche.

Au loin, un éclair zébra le ciel. Kasumi y porta aussitôt son attention. Une tempête semblait s’approcher. Elle avait entendu, petit bavardage entre un étal de fruits et un étal de fleurs, que le vent soufflait plus fort par endroit. Cet éclair, c’était peut-être la Shogun qui lui indiquait une direction à suivre, un endroit où se rendre.

«Je crois que nous avons trouvé notre prochain périple.» Elle prit un air soucieux et pensif, un peu théâtral, avant d’ajouter : «Mais ne devrais-tu pas d’abord te faire forger une nouvelle arme ? Il faut savoir classer les priorités et ton arme… Ah… Je m’étonnes qu’elle ait tenu jusqu’ici ! J’en ai même presque honte... Chez moi, nous avons un grand respect pour les armes. Le Peuple de Glace n’a-t-elle donc aucune fierté?» Elle taquinait l'homme, même si elle était sérieuse concernant son hallebarde. Elle le taquinait oui, cela se voyait à son air mutin.

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Étrange, cette formulation de Nyrnaën : sa précédente lance "n’avait pas pu le suivre dans ses voyages". Il n’avait pas utilisé le mot brisé, Kasumi devait donc en comprendre que la lance et l’homme avaient malencontreusement été séparés. S’installant à son aise, l’homme sortit une feuille et un crayon. Tout en faisant un croquis, l’homme lui expliqua que le bois était le plus important pour une lance.

«…Du bois Inazumien», lacha Kasumi, pensive. «Mon père me disait souvent que le meilleur bois provient d’Inazuma. J’ai longtemps pensé que c’était une question de fierté.»

Pour le métal, Nyrnaën avait déjà une idée précise de ce qu’il désirait. Les métaux choisis par l’homme provenaient de Liyue et d’Inazuma. Étrangement, l’aventurier ne choisissait aucun matériau provenant de son pays natal.

«Mon père te dirait qu’il existe de meilleurs matériaux… plus couteux et encore plus difficile à obtenir.» Elle sourit en pensant à l'être sérieux qu'était son père. Pour Nyrnaën, elle précisa : «Il était forgeron avant… La dernière arme qu’il a forgée est la mienne.» À ses mots, son regard coula vers son épée. Aiko Père avait également forgé le couteau pliant que Kasumi gardait dans sa besace. Cependant, à l’exception de ses deux lames, son père n’avait plus forgé aucune arme depuis qu’il avait quitté Inazuma. ...Néanmoins, les conversations de l'homme ne manquait jamais de tourner autour de la forge.

L'épée qu'utilisait Kasumi avait été souillée de sang ; le sang de créatures, le sang d’hommes et de femmes… Plusieurs années s’étaient écoulées depuis la création de cette lame. Peut-être bien que l’une des raisons pour laquelle Kasumi ne pouvait s’en séparer était que cela lui rappelait sa maison, ses parents et l’amour qu’elle leur portait.

«Je t’aiderai comme je le peux», dit-elle avec le sourire, en relevant le regard vers l’aventurier. «Après tout, entre expatriés, nous devons nous épauler», continua-t-elle en adressant un clin d’œil à l’homme. Elle lui avait dit exactement les mêmes mots, à leur première rencontre, la veille. «…d’ailleurs, as-tu passé ton examen de planage?» Le guide de planage qu’avait reçu Kasumi avait trop de pages et beaucoup trop de mots. L’aventurière préférait l’action. Assurément, lire ce bouquin n’était pas essentielle?

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Oui, l’important ici était que Nyrnaen se dôte d’une meilleure arme, pas de forger une arme qui conviendrait à la Shogun, son Excellence, la toute-puissante Narukami Ogosho. Une hallebarde bien bâtit, tout simplement, résistante aux changements de températures. Et s’il fallait être honnête… tout vaudrait mieux que l’arme rouillée qu’utilisait présentement Nyrnaen.

Kasumi ne connaissait pas bien l’aventurier, mais elle était contente de pouvoir passer davantage de temps avec lui. C'était une nouvele variable dans un monde qui se voulait routinier. Kasumi considérait que Nyrnaen apportait avec lui un vent rafraichissant.

D’après l’aventurier, obtenir le permis de planer était rapide… et donc facile? Hm…

-Tu veux un peu d'aide pour réviser c'est ça ? Voir les questions de l'examen?

«Ah, oui, j’aimerais! Ça m’aiderait bien. Le 'Guide de planage' dort sur ma table, j’ose à peine l’ouvrir!», conclut-elle en riant doucement. «On pourra réviser autour d’un repas, une prochaine fois.»

Le silence s’installa par la suite. Un silence que ni un ni l’autre ne brisa. La brise était bonne et la vue était belle; ce fut un moment… apaisant. Puis, Kasumi se leva, signalant la fin de la soirée. Elle inclina la tête en direction de Nyrnaen avec ses mots: «J’ai passé un agréable moment.» Elle ramassa son épée et le plateau-repas et prit avec précaution le chemin vers la fenêtre menant à sa chambre. «À la prochaine, voisin!», lui dit-elle avant de disparaitre, souriante. Tous deux savaient à quelle porte frapper pour se revoir, et repartir à l’aventure.