Au Cadeau de l’Ange, boissons et échange

Au Cadeau de l’Ange, boissons et échange_________________________________

L’aventurière franchit la porte du Cadeau de l’Ange. En cette soirée, il y avait beaucoup d’ambiance. En vérité, la bonne ambiance était ce pourquoi les gens choisissaient cette taverne. Kasumi leva la main pour saluer le barman, lorsque leurs regards se croisèrent. Charles était habitué à la vue de l’aventurière, laquelle aimait bien, de temps à autres, profiter des lieux. Après une inspection visuelle, elle gravit les escaliers menant au second étage. Nyrnaen n’était nul part. Kasumi s’installa donc à une table, le long de la balustrade en bois. De là, elle avait vue sur l’étage inférieur. Ainsi, lorsque Nyrnaen entra dans l’établissement, Kasumi le repéra et lui fit un large signe de la main pour attirer son attention.

L’aventurière ne portait pas son plastron. Son collier Inazumien disparaissait sous sa robe couleur bleu azur, seule la chaine était visible autour de son cou. Elle avait apporté son épée, pratiquement sans s’en rendre compte, et l’avait déposée à l’extrémité de la table pour qu'elle ne soit pas encombrante.

Prévoyante, l’aventurière avait déjà commandé deux breuvages ; ces derniers étaient posés sur la table, à attendre d’être bu. Au centre de la table était posé un petit panier de noix.

Kasumi se leva pour accueillir l’aventurier et afficha un grand sourire, car elle était contente de le revoir, même s’ils s’étaient quittés peu de temps auparavant.

«Comme tu as pu remarquer, je ne t’ai pas attendu pour commander deux bières ; les noix sont une gracieuseté de l’établissement. Et si on trinquait?»

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Kasumi se rassit face à l’homme et souleva sa boisson. «À nous», décida-t-elle et leurs chopes de bière s’entrechoquèrent. L’alcool avait un goût fruité agréable ; il serait facile d’en boire plusieurs avant de réaliser la traîtrise de la boisson. «Il me fera plaisir de partager une bière dans l’avenir. L’alcool est toujours meilleur en bonne compagnie», lui assura-t-elle. C’était vrai, même s’il lui arrivait souvent de boire seule.

L’aventurière rit doucement, à la mention de son arme qu’elle trimballait effectivement partout. «Toi, tu n’as pas ton arme ? C’est étonnant…», fit-elle à la blague, puisqu’une hallebarde était une arme plutôt encombrante, contraîrement à l’épée de Kasumi. «Je tiens à honorer mon père et son magnifique travail. T’ai-je dit que c’est lui qui l’a forgé ? Tu ne verras pas cette belle Inazumienne sans son épée.» C’était un mensonge, bien entendu, mais Nyrnaën n’avait aucune façon de le savoir. Kasumi avait inventé une belle histoire sur sa vie, et elle répétait les mêmes mensonges depuis des années.

En vérité, Kasumi avait apprit -tout juste après avoir appris à marcher- qu’une arme était une extension du corps d’un guerrier. Il fallait respecter son arme, la nettoyer, l’entretenir… et ne jamais s’en départir, toujours être prêt à l’utiliser. Kasumi avait bien apprit la leçon, c’était gravé en elle, et ce même si elle possédait désormais un œil divin.

Se faire complimenter ne la faisait pas rougir. Ce n’était pas la première fois qu’un homme, ou une femme, tournait la tête sur son passage. Kasumi avait l’habitude des belles paroles. Par le passé, elle avait eu à remettre à leur place quelques bandits pour des paroles totalement déplacés. Par le passé, on l’avait utilisé pour charmer de futurs victimes.…Mais elle était tout de même ravi des paroles de Nyrnaën.

«Et parlant d’arme… J’ai bien vu que la tienne avait reçu une cure de jeunesse ; ta nouvelle lance te convient mieux?»

Elle prit une gorgée de bière en écoutant la réponse de l’homme.

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«J’ignore si c’est fidèle au style Inazumien», répondit Kasumi, songeuse, le regard porté vers son épée. «Mon père avait son propre style, sa propre façon d’honorer le métal.» Sachant qui avait réellement forgé cette arme –et ce n’était évidemment pas le père de Kasumi- il y avait sûrement un peu de Liyue également dans cette arme. L’aventurière releva le regard de son épée et sourit à l’homme. «Je lui communiquerai tes compliments.» Ou pas…

Imitant joyeusement son ami, Kasumi vida d’une traite sa chope. C’était parmi les meilleurs buveurs que la jeune femme avait apprit à boire. Kasumi pouvait tenir tête à Nyrnaën ; du moins, elle ne pensait pas s’effondrer au sol avant lui.

«Pilier de tente huh ? Wow…» L’aventurière n’eut pas l’occasion de s’informer davantage à propos de l’ancienne hallebarde de l’homme. Une nouvelle tournée de bières arriva et Nyrnaën aborda un sujet plus intéressant.

L’aventurière se pencha alors légèrement au-dessus de la table, visiblement intéressée par le fait de "s’accorder un peu de bon temps". «Qu’as-tu en tête? Hmm, laisse moi deviner...» Elle se redressa et appuya son dos contre le dossier de sa chaise. «Une balade au marché animé? Visiter la cathédrale? Se faufiler sur les remparts de la cité? Participer à une dégustation au Bon Chasseur? Louer des chevaux à l’écurie? Emprunter une barque pour voguer sur le Lac de Cidre...» Elle aurait pu continuer ainsi, entre deux noix avalées et une gorgée de bière.

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Amusée par la réaction de l’homme, le sourire de Kasumi s’agrandit. Une barque sur le lac au coucher du soleil ? Un rencard ? Nyrnaen se méprenait sur les intentions de l’aventurière. Elle ne laissa pas l’homme fabuler plus longtemps : «Je pensais plutôt à aller pêcher!» Cela étant, il n’y avait rien de scandaleux à imaginer un rendez-vous en tête à tête avec le bel aventurier des terres nordiques.

Sans attendre que Kasumi termine sa seconde chope de bière, Nyrnaen commanda une boisson supplémentaire, laquelle provenait du pays natal de l’homme. Un alcool fort, apparemment approprié aux grandes occasions. En étais-ce une, grande occasion ? Car ils avaient rétabli la quiétude au Temple des milles vents ? Hm, oui, il était vrai que toutes les victoires, petites ou grandes, méritaient d’être célébrées. Y goutant, l’alcool lui brula la gorge. Ce n’était pas de la petite bière ; un énorme contraste avec la boisson qu’elle buvait précédemment ! Elle sentit l’alcool lui monter doucement à la tête.

Kasumi prit une poignée de noix, qu’elle accompagna d’alcool, et écouta l’homme compléter sa liste d’activités, y ajoutant ses propres bonnes idées. Il mentionna les remparts et qu’il souhaitait ne pas s’attarder à la taverne; elle pouvait comprendre cela, car elle appréciait également la solitude. Nyrnaen conclut en parlant des officiers de l’Ordre de Favonius, que certains étaient réputés pas mal dans leur genre.

«Tu es bien renseigné! Alors, je ne cours pas les idoles, par contre le reste des activités me plait!»

C’était peut-être à cause de son passé, mais elle n’avait pas particulièrement envie de devenir familière avec les membres de l’ordre. Comment la jugerait-on si son secret était un jour découvert ?

«Je te suivrai jusqu’au rempart ; les hauteurs me plaisent», dit-elle en voulant trinquer de nouveau avec Nyrnaen, armée d'une troisième chope de bière sortant de nulle part. Cependant, son mouvement fut un peu brusque et elle renversa de l’alcool sur la table, ce qui la fit rire doucement; elle avait peut-être bu trop rapidement le verre d'alcool de Snezhnaya.

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«Chevalier des embruns…», répéta Kasumi avec surprise. C’était un surnom intéressant. Certainement aussi intéressant que la personne à qui on avait donné ce titre. Chez les bandits aussi, de tel titre était attribué… En y repensant, son propre surnom n’avait pas été particulièrement flatteur.

L’aventurière leva le regard sur Nyrnaën, lequel s’était levé et l’encourageait maintenant à le suivre. Elle vida son verre d’un trait avant de s’exécuter. Il semblait à Kasumi que le sol sur lequel elle marchait était instable.

L’air au-dehors était rafraichissant. Kasumi s’immobilisa et ferma les yeux un court instant pour mieux profiter de la douceur du vent. Elle eut un mouvement de surprise lorsque Nyrnaen passa son bras sous son épaule, mais elle l'imita ensuite. Le sol semblait moins vouloir s’effondrer sous les pas de Kasumi avec une épaule solide sur laquelle s’appuyer.

«Au rempart!», s’exclama Kasumi. «Dans la haute-ville», affirma-t-elle. Là où les remparts étaient effectivement facile à accéder. Le trajet fut plus long qu’à l’accoutumé, mais également plus rigolo. Dans la haute-ville, un peu avant la résidence où tous deux louaient chacun une chambre, les remparts de ce côté-ci de la ville étaient bas.

En temps normal, il suffisait pratiquement d’enjamber le rebord. Avec de l’alcool dans le sang, Kasumi se sentait bien pataude. «Fait moi la courte échelle», demanda-t-elle une fois rendu sur les lieux. Nyrnaën s’éxécuta. Entre deux rires semi-étouffés, Kasumi posa le pied dans les mains jointes de l’homme pour se hisser sur ses épaules et par extension atteindre le rebord des remparts. Une fois là-haut, elle sauva les deux bouteilles d’alcool que l’homme avait prit avant de quitter la taverne et l'aida à grimper à son tour.

«On est bien ici...». Son regard se déplaça des sombres montagnes au loin au ciel magnifiquement étoilé.

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Assise contre la pierre des murailles, Kasumi sentit le regard insistant de Nyrnaen sur elle. L’aventurière détourna alors le regard des étoiles pour poser les yeux sur l’homme. C’était certainement l’alcool qui parlait, mais cet instant semblait quelque peu romantique aux yeux de Kasumi, ainsi seuls sous les étoiles dans ce lieu isolé. L’aventurier était en vérité beau garçon…

-Allez Kas', prononça finalement son compagnon. -Raconte moi un peu ce que tu as fait avant de venir ici? Tu dois avoir plein d'anecdote d'aventurier non? Kasumi cligna des yeux, surprise de la question. -Tu étais une sorte de championne pour être aussi efficace non? Elle rit, un peu gênée par la vérité, et détourna le regard. Même si Kasumi y était habituée, raconter des mensonges pouvait être épuisant. Mentir à des gens que l’on appréciait n’était jamais bien agréable.

Nyrnaen avait remarqué que l'Inazumienne n’était pas nouvelle au maniement de l’épée. Elle avait en vérité eu son lot de combats ; on avait essayé de prendre sa vie et elle avait une cicatrice au dos, non visible lorsqu’elle portait des vêtements, démontrant un passé violent.

Kasumi prit dans sa main la bière qui lui était destiné. Elle opta pour une part de vérité... mensonge et vérité se côtoyaient dans la bouche de la femme.

«J’ai connu un vieil aventurier. À l’entendre, il avait parcouru tout Teyvat. Il avait une nouvelle histoire tous les jours… C’est lui qui m’a donné l’idée de devenir aventurière. J’ai donc commencé à m’entrainer très jeune ; et j’avais de l’énergie à revendre!»

La jeune femme prit une gorgée de bière à la mémoire de cet homme qui avait réellement existé ; il avait été pour elle comme une figure parentale. Elle n’avait pas connu ses véritables parents et le père qui l’avait adopté était loin d’être un modèle parfait.

L’aventurière voulut alors raconter une situation amusante : «Es-tu déjà allé à Sumeru? Je me suis déjà retrouvée prise entre des fongus d’un côté et une bête de somme hirsute et hargneuse de l’autre côté. Pas vraiment un endroit idéal où se retrouver!» Elle raconta, riant de cette mésaventure, comment cette situation avait prit des airs confus et désordonnés, la bête de somme chargeant dans toutes les directions, des fongus virevoltants et sautillants… «J’ai vécu quelques aventures là-bas avant de venir à Mondstadt», conclut-elle cette histoire avec le sourire, avant d’étancher sa soif en prenant une gorgée de bière.

«Allez, à ton tour. Raconte moi un peu ta vie!»

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Kasumi hocha la tête, bien d’accord avec Nyrnaën lorsqu’il mentionna la chaleur de Sumeru et les terminaux de l’Akasha. L’homme avait donc beaucoup voyagé, davantage même que Kasumi. Pour son travail, disait-il, mais quelle sorte de travail? Commerçant? …Nah, Nyrnaën n’avait pas vraiment une tête de commerçant. Quoi qu’il en soit, il avait eu un différent avec des gens qu’il avait considérés comme sa famille, en quelque sorte, et cela l’avait amené à Mondstadt.

Une famille détesté par tous…? Le regard de Kasumi descendit sur sa bière. Elle comprenait ça. C’était aussi son cas. Bien qu’elle ne considérait plus les membres des Red Heads comme étant sa famille. Elle espérait également ne pas les recroiser; elle savait que cela se terminerait mal.

Elle redevint joyeuse et releva le regard de sa bière, riant doucement lorsque l’homme mentionna qu’il allait la coller quelques temps. «Je ne te laisserai pas mourir… Autrement, qui me paiera des bières?» C'était pour plaisanter, bien évidemment, car Kasumi était capable de se payer ses propres bières; il n'était pas non plus rare qu'une personne lui offre un breuvage.

On aurait presque pu dire que Nyrnaën faisait une fixation sur les chevaliers de l’Ordre de Favonius. N’étais-ce pas maintenant la troisième fois qu’il les mentionnait? Ils devaient vraiment être impressionnant, ces chevaliers de l’Ordre… Ça donnait presque envie de les rencontrer. Presque.

«Alors… Je veux bien t’apprendre, mais je t’avertis… Je suis un professeur sévère», lui répondit-elle avec le sourire. Malgré son sourire et ses yeux joyeux, Kasumi était sérieuse. Elle avait apprit le maniement de l’épée sans douceur, dans un climat rude.

L’aventurière termina sa bière. Elle voulut déposer le contenant vide à ses côtés, mais la bouteille se renversa sur le côté et roula sur le sol. Kasumi n'y porta que peu d'attention.

«Tu me plais bien aussi… Et je dis pas ça uniquement parc’que je vais avoir besoin d’aide pour descendre des ramparts… Mais je vais réellement avoir besoin d’un raccompagnement… Tu es prêt à rentrer?»

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Qui pourrait en vouloir à Nyrnaën au point d’attendre en file pour l’éliminer? L’homme avait dit avoir eu un "petit différent" avec sa "famille" et être parti "un peu fâché". On ne tuait pas pour ça. Elle pensa qu’il plaisantait et cela la fit donc franchement sourire. À la connaissance de Kasumi, il n’y avait personne qui attendait en file pour la tuer; tant qu’elle évitait la région de Liyue, elle ne risquait rien. «Qu’ils viennent, cela ne m’effraie pas», lui assura-t-elle sans se départir d’un large sourire. Elle avait trop bu pour s’interroger sur le sérieux des paroles que tenait Nyrnaën.

Elle haussa une épaule, se voulant nébuleuse lorsque l’aventurier exprima ses espoirs que Kasumi fasse les pansements après les punitions. Qui sait… Il faudrait expérimenter pour découvrir quel genre de professeur était réellement Kasumi.

Il était temps de rentrer maintenant, avant que leurs corps engourdis par l’alcool ne puissent plus faire un seul mouvement. Nyrnaën lui prit alors la main et tint des propos étranges sur le fait de ne pas l’abandonner à la porte de sa chambre. Suggérait-il…?

L’aventurière concentra son attention sur ses propres gestes, se levant avec prudence. Comment réussirent-ils l’exploit de descendre des remparts? Bonne question… Le petit oiseau qui les observait avec attention aurait pu, s’il avait su parler, témoigner de cette surprenante prouesse.

Dans l’immeuble où chacun louait une chambre, dans ce couloir à l’étage supérieur, l’ombre de Nyrnaën suivit Kasumi. Devant la porte de sa propre chambre, la question de l’homme la surprit. Kasumi fit volte-face pour répondre. « Non c’est ma—» Les mots moururent dans sa bouche, alors que la femme prit conscience de la proximité du corps de l’homme, de cette intimité créée par l’espace clôt que représentait le couloir. Son cœur s’emballa. Kasumi eut soudainement l’impression que plus rien n’existait autour d’eux, que plus rien n’existait au-delà du long et profond regard qu’ils s’échangeaient; c’était un effet de l’alcool, bien évidemment.

Le chat de l’immeuble les avait suivit en haut des escaliers. Son miaulement sortit Kasumi de sa transe. Elle cligna des yeux mais ne bougea pas, et elle retrouva l’usage de la parole. «Bonne nuit Nyrn», souffla-t-elle à l’homme.