Au Cadeau de l’Ange, boissons et échange

Au Cadeau de l’Ange, boissons et échange_________________________________

Kasumi referma la porte derrière elle et s’y appuya un bref instant. «C’était intense…», conclut-elle après avoir calmé les battements de son cœur. Elle se détacha ensuite de la porte et fit deux pas sur sa gauche pour atteindre une petite table. Une carafe d’eau l’y attendait et elle se coula avec précaution deux grands verres d’eau qu’elle vida; un bon remède pour éviter le mal de tête le lendemain. Elle fit trois pas, retira son ceinturon et le déposa sur la tablette au-dessus de la petite cheminée de sa chambre. Quelques pas supplémentaire sur sa droite lui permirent d’atteindre le paravent. Elle retira sa robe à la va-vite, la laissant tomber au sol, et enfila un vêtement de nuit. Sortant de derrière le paravent, elle se laissa choir dans son lit, s’enroula dans un fin drap et s’endormit un doux sourire aux lèvres.

Le réveil quant à lui fut brutal. Un bruit, semblant lointain et très près à la fois, lui fit ouvrir les yeux, confuse. Ce qui la fit se dresser d’un bond dans son lit et ouvrir de grand yeux ahuri, ce fut l’intrusion fracassante dans sa chambre. Deux gaillards apparurent l’un après l’autre; un étranger masqué suivi de près par Nyrnaën. Un coup du premier envoya le deuxième à côté du lit de Kasumi.

«C’est quoi ce bordel?», fit Kasumi en voulant se lever, laissant tomber les bonjours. Elle préférait ses réveils avec un café et un pain. Mais on ne choisit pas toujours la façon dont on se réveil. Une lame se planta entre les deux aventuriers. C’était l’heure de payer, apparemment… Une dette que détenait Nyrnaën. Les présentations seraient pour plus tard… Les explications aussi d’ailleurs.

La jeune femme bondit hors du lit. Elle imaginait bien "sa mère", la mère qu'elle s'était inventée, être scandalisée par une telle situation… deux hommes dans sa chambre alors qu’elle était en tenue de nuit. Oui, c’était scandaleux. Oui, tout simplement choquant. …Bon. Kasumi, elle, avait d’autres préoccupations.

Une dague la manqua de peu et se planta dans le manteau en bois de la cheminée, ce qui freina Kasumi mais ne l’empêcha pas de mettre la main sur la poignée de son épée. «Mon épée!», dit-elle à Nyrnaën en lui transférant sa lame. Oui, voilà comment on apprenait à se servir d’une épée, dans le feu de l’action, avec sa vie en jeu. Pour sa part, Kasumi extirpa la dague du bois et s’en arma. C’était, après tout, la première arme qu’elle avait apprit à manier. Deux contre un à présent… Kasumi n’avait pas envisagé devoir défendre sitôt la vie de l’homme. Leur conversation de la veille n’était-elle pas une plaisanterie?

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La première leçon de maniement d’épée de Nyrnaën ne se passait pas très bien. Cependant, l’homme n’hésitait pas à saisir l’occasion pour certifier à son amie qu’elle pourrait loger dans sa chambre après tout ça. Oui, parce que tranquillement la chambre de l’aventurière se transformait en champ de bataille, et ce sans que Kasumi en comprenne la raison! «On en reparlera», lui répondit rapidement la femme. Oui, parce que c’était pas trop le moment. Et puis, Nyrnaën comptait dormir où pendant ce temps? Sur le sol?

Feu et glace s’affrontèrent, et lorsque les flammes se dissipèrent l’aventurière chercha leur agresseur du regard. Avait-il fuit? Le rire qu’elle entendit ensuite lui confirma que non. Au contraire, l’homme masqué réapparut derrière le duo. Rapidement, Nyrnaën fut assommé et projeté dans un coin de la chambre, laissant Kasumi face à face avec l’adversaire.

Un entrainement matinal. Un combat rapproché. Deux adversaires munis de dagues. Voilà de quoi remémorer plusieurs souvenirs à l’aventurière. Pas nécessairement d’heureux souvenirs, mais au moins elle pouvait dire qu’on l’avait préparée à ce genre de situation.

Sa dague glissa sur celle de l’homme masqué, alors qu’elle attaqua la première. À nouveau, leurs dagues s’entrechoquèrent, se séparèrent, fendirent l’air devant eux. Il y avait peu d’espace pour manœuvrer. C’était une danse. Une valse mortelle. Puis l’inconnu effectua un mouvement que Kasumi ne pu parer; la dague remonta sur l’avant-bras puis l’épaule de l’aventurière, entaillant sa peau et faisant couler le sang. Au même instant, Kasumi recula d’un pas, ce qui lui sauva la vie. La dague frôla ainsi sa gorge et se glissa plutôt sous la chaine de son collier. Le mouvement brusque cassa la chaine et le collier fut projeté plus loin.

Cela attisa la colère de la femme. Ce collier était le seul objet qu’elle possédait ayant appartenu à sa mère. Kasumi avait peu de biens, mais celui-là était son bien le plus cher; ça et une vieille photographie de famille. Ses yeux changèrent de couleur. Elle repoussa son adversaire d’un coup de poing électrisant et alimenta sa dague de l’élément électro pour mener un assaut foudroyant et impitoyable.

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C’était soit sa vie, soit celle de l’homme masqué, et Kasumi n’avait pas besoin d’y réfléchir. Sa dague s’enfonça sans pitié et l’électricité traversa instantanément le corps de son adversaire. Il dut sentir la fin approcher, la mort étendre la main dans sa direction, car il déploya ses dernières ressources pour s’extirper de cette situation et fuir vers la sortie. Il n’alla pas loin, cependant. Une détonation retentit et l’homme fut projeté contre un mur. Kasumi pivota la tête en direction de là où était parti le coup, et vit Nyrnaën un fusil encore fumant en mains.

Elle ne comprenait pas pourquoi un fatui les avait attaqué. …Enfin, plutôt, pourquoi un fatui avait désiré tuer Nyrnaën; et ce, avec un tel désir qu'il s'était rendu à la chambre de l’aventurier pour mener à bien son assassina. Ça ne faisait pas beaucoup de sens pour l’aventurière. Elle se mit à y réfléchir, alors que Nyrnaën alla à la rencontre du fatui agonisant, et elle laissa tomber sa dague au sol car elle n’en avait plus aucune utilité.

Elle attrapa des bribes de la conversation entre les deux hommes, rien de précis, mais elle eut une idée sur la situation actuelle; une pensée à approfondir plus tard et une question pour Nyrnaën.

La discussion entre les deux hommes fut extrêmement brève. Le fatui devint glace et la glace éclata en millier de morceaux. Voilà une bonne façon de se débarrasser d’un corps… Kasumi avait connu des gens qui auraient trouvé cette méthode plutôt intéressante.

Ce fatui était le premier de la liste? Nyrnaën voulait-il parler de la fameuse liste d’attente des gens qui souhaitaient sa peau? Une telle liste existait réellement? Kasumi soupira et se détourna de la bourse de moras que secouait l’aventurier, lui tournant le dos, faisant quelques pas dans la pièce. «Je me moque des moras...», souffla-t-elle. «Peux-tu m’aider? J’ai perdu mon collier pendant le combat. C'est très important pour moi...» Elle posa brièvement sa main gauche sur son épaule droite et grimaça; un peu de douleur mais ses blessures n’étaient pas importantes.

L’aventurière pouvait désormais entendre une agitation grandissante dans l’auberge, et des pas monter rapidement à l’étage. Si c’était le propriétaire des lieux, il serait rassuré de savoir que Nyrnaën avait assez de moras pour le dédommager. Si c’était les renforts, ils avaient un peu de retard.

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Avec empressement, Kasumi tendit la main à Nyrnaën et accueillit son collier dans le creux de sa main. Elle soupira alors de soulagement. Si la chaine allait nécessiter le passage dans une boutique pour être réparée, le collier en lui-même était intact. Kasumi referma la main sur le précieux objet. «Merci», lui dit-elle pleine de reconnaissance.

Le propriétaire était désormais sur les lieux, constatant les dégâts et les mots qu’il prononça surpris la jeune femme. Nyrnaën n’avait aucune explication à fournir, car le propriétaire venait de lui fournir l’excuse parfaite. C’était une réelle chance, et Kasumi regarda l’aventurier sauter sur l’occasion qui se présentait à lui. «Ce n’est pas votre faute…», dit-elle au propriétaire pour l’excuser. Quand il fut question de reloger Kasumi, ce qui était une question bien embêtante, Nyrnaën proposa immédiatement sa chambre et le propriétaire approuva cette superbe opportunité. Alors, d’abord, l'aventurière voulait une réduction de loyer! Pas question de payer le plein tarif! Cependant, avant qu’elle ne put argumenter sur le sujet, le propriétaire s’en alla rapidement préparer les futures rénovations.

Bon. Il ne restait qu’une seule chose à faire dans ce cas. Les deux aventuriers transférèrent les maigres possessions de Kasumi dans la chambre attenante. Cette tâche fut vite accomplit, dans le silence, ce qui permis à Kasumi d’approfondir l’idée qui avait traversé son esprit plus tôt… Les fatuis étaient en provenance de Snezhnaya. Nyrnaën également. Que lui avait dit l’homme, la veille, entre deux gorgées de bière? Qu’il s’était fâché avec sa famille… Qu’il espérait ne jamais les recroiser… Qu’il avait toujours voulu voir Mondstadt, sans ordre et sans masque… Sans masque. Cette information faisait tout de suite plus de sens que la veille. Mais si, par le passé, Nyrnaën avait porté un masque, pour quelle raison un homme masqué désirait aujourd’hui l’éliminer?

«Je t’ai bien dit que j'te laisserais pas mourir», répondit-elle aux remerciements de l’aventurier, en s’assoyant sur un tabouret. Oui, pour une histoire de bières, mais, s’il fallait être honnête, c’était davantage qu’une question de bières.

Nyrnaën répondit à une question que Kasumi n’avait pas posée. D’une façon ou d’une autre, l’homme allait faire en sorte que ce genre de situation ne se reproduise pas… Kasumi avait, elle, une autre question en tête. Mais avant qu’elle ne puisse poser cette question, Nyrnaën déclara que c’était l’heure des soins. Eh bien, là-dessus il n’avait pas tord!

«Voyons si tu es plus doué avec des pansements qu’avec une épée…», lui dit-elle alors, retrouvant un peu de sa bonne humeur. Elle le laissa faire, le laissa douloureusement désinfecter ses blessures et recouvrir les plaies. Lorsque ce fut fait, les rôles s’inversèrent, et Kasumi s’occupa des blessures de l’homme. Et elle jugea que c’était le bon moment pour poser sa question. «Qu’as-tu fais?», demanda-t-elle, faisant manifestement référence au fait que les fatuis cherchaient sa mort.

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«Et tu m’en vois ravie», répondit-elle à Nyrnaën lorsqu’il l’informa qu'elle était en haut de la liste des personnes qu’il aimait bien. C’était un bien joli compliment, mais ça voulait aussi dire que Nyrnaën aimait peu de gens. Ce dernier avait aussi des tas de talents cachés et ainsi donc il fit bénéficier Kasumi de l’un de ses nombreux talents. Il n’avait pas de pouvoirs de soin, tout comme Kasumi en était dépourvue, mais les deux aventuriers se débrouillèrent très bien.

Puis elle posa sa question. Pour sa propre sécurité, lui mentionna Nyrnaën, il valait mieux qu’elle ne sache pas ce qu’il avait volé. Ce devait être sacrément important! …En y pensant, Kasumi avait volé des vies. Son ancienne famille la recherchait-il également avec autant de hargne pour se venger, pour lui faire payer sa dette? Voilà qui avait de quoi inquiéter.

«Tu n’as pas besoin d’entrer dans les détails, ça me suffit», dit-elle en secouant doucement la tête. Kasumi avait ses propres secrets, son propre passé mouvementé; et également des mensonges qu’elle proférait sans cesse. Elle avait simplement eu besoin de connaitre la raison pour laquelle elle avait failli mourir aujourd’hui. Au-delà de ça, elle considérait que cela ne la regardait pas.

Il mentionna ensuite ses bons réflexes. Elle rit doucement et minimisa l’étendu de ses capacités : «C’était juste l’adrénaline. …Colocataire huh? Eh bien, tout d’abord, je t’informe que je réquisitionne le lit, tu prendras le matelas au sol.» C’était la moindre des choses au vue des circonstances. La veille, il s’en était fallu de peu pour qu’ils partagent un lit, mais aujourd’hui était un autre jour. «Ensuite, j’aime quand mon espace de vie est propre et bien rangé, et je n’ai pas l’intention de ramasser derrière toi.» Et voilà, c’était tout pour les exigences.

Ayant terminé de soigner l’homme, Kasumi alla fouiller dans ses choses pour prendre de nouveaux vêtements, peu désireuse de s’afficher plus longuement en vêtements de nuit. «Si tu me permets…», lui dit-elle en montrant ses vêtements en mains, avant de s’éclipser derrière le paravent de la chambre. Elle ne lui demanda pas de quitter la pièce, cela lui sembla inutile.

«Hm alors… quels sont tes projets pour la journée?», demanda-t-elle, bien cachée derrière les panneaux de bois.

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Kasumi sortit de derrière le paravent, convenablement vêtue, dans des tons de couleurs violets tirant sur le noir et avec un bandeau rouge dans les cheveux. «Ce ne sont pas quelques blessures qui vont nous arrêter», enchérit-elle lorsque Nyrnaën proposa de passer le permis de planage ensemble. Elle se sentait de bien meilleure humeur et avait envie de laisser derrière elle cette histoire de fatui. Ils étaient en vie, pratiquement indemne, et elle comptait bien profiter de cette nouvelle journée ensoleillée. Elle souhaitait profiter de chaque instant, mordre dans les fruits de la vie. Ce n'était pas un petit incident matinal qui allait l'en empêcher.

«Je veux d’abord manger quelque chose et j’ai une commission à faire.»

Elle attacha son ceinturon autour de sa taille, sur lequel étaient accrochés sa petite besace, à sa droite, et le fourreau de son arme, à sa gauche. Puis, elle enfila son plastron et ses gants sans doigt. Elle glissa ensuite avec délicatesse son collier dans sa besace. C’était la commission qu’elle devait faire: une réparation importante pour un objet des plus importants. Et la voilà fin prête. Prête à affronter le monde et toutes ses menaces. Prête à passer l’examen de planage. Elle avait feuilleté le livre de planage par le passé; un grand bouquin plein de théories et de règlements, alors que seul la pratique était réellement utile.

«Des œufs, ça te dit?», lui proposa-t-elle. «Sara du Bon Chasseur fait de très bon œuf au plat», dit-elle, encourageant Nyrnaën à accepter, dirigeant déjà ses pas vers la sortie sans attendre de réponse de son nouveau, et temporaire, colocataire.